QUEL SILENCE !
La journée de travail a été rude. Quelle poussière ! Quelle chaleur ! Quel abrutissement ! Que de secousses ! Abasourdi par le bruit du moteur de mon engin, quand celui-ci s’arrête je me sents tout étourdi par le silence du site d’exploitation. De suite à peine arrivé à la maison, j’évite toute effusion de câlins, de cris de joie, de débordements de tendresse, du bruit des petites disputes afin d’accaparer mon attention par mes filles. Personne en vue ! Pas de portes qui s’ouvrent ! Furtivement je me glisse vers le fond du jardin, autour du bassin, pour essayer de décanter un peu. Ouf, ma journée est bien finie !
Je me rends sur le ponton garni de jardinières mauves de pétunias, rosées et rougies de géraniums, et blanchi en haut de chaque coté de suspensions de bégonias. De mon promontoire je peux admirer mon petit paradis. Le silence règne ! Que c’est beau ! Quel changement par rapport aux falaises dégarnies, aux cailloux difformes éclatés salis de coulées de rouille de manganèse, à ces poussières qui virevoltent sans cesse autour des installations, à ce bruitage de cribles qui dansent dans la carrière. Ici à part les piaillement des oiseaux qui se querellent dans les haies, qui chantent leur mélodie pour appeler les femelles pour nourrir les petits, seuls les bruits des pompes constamment en route giclant l’eau en un éventail de gouttelettes scintillantes comme des perles de rosée, ainsi que le clapotis des cascades bordées de cailloux de silex blanc qui ruissellent leur liquide sur la surface du plan d’eau, se font entendre.
Au bout de quelques minutes, apaisé, requinqué, profitant de ces nouveaux éléments, de mon petit domaine, je rentre dans la maison retrouver les miens qui ont vite fait de me sauter dans les bras pour ne plus me quitter jusqu’au coucher. JOEL