OU LES COUPLES SE SEPARENT
Dis moi te souviens tu de leur jeunesse
Leurs âmes vagabondaient d’allégresse.
Dans les lits les amants tout enlacés
Profitaient de la journée avancée.
Les passionnés aux corps bien chauds et nus,
Leurs ébats consumés n’en pouvant plus,
Sommeillaient tout en faisant de doux rêves,
Avant que la soirée ne les achève.
Dans les maisons l’heure allait sonner,
Les valises il fallait les fermer.
Et déjà chacun regardait la montre
Le temps restant venait à leur rencontre.
Te souviens tu de ces départs en gare
Quand ils partaient encore quelque part.
Les quais étaient bondés de tous ces gars,
De ces gens qui ne se connaissaient pas.
De plusieurs poches les mouchoirs sortaient,
Des yeux rougissaient, des filles pleuraient.
La grande horloge avançant son aiguille
Frappant les cœurs comme dans un jeu de quilles,
Faisait frissonner tous ces amoureux
Pour ces derniers instants très douloureux.
Bien au loin résonnait un bruit très sourd,
La fumée se voyait d’un convoi lourd.
Sortant des abris où ils attendaient,
Près des voies les voyageurs s’entassaient.
Fière la locomotive avançait
Et dans un bruit d’enfer elle s’arrêtait,
Laissant échapper beaucoup de vapeur
Voulant cacher tous ces cœurs en malheur.
Sur les marches des wagons s’agrippaient
Les fiancés peinés qui s’embrassaient.
Une fois toutes les portes fermées
En un adieu les mains s’étaient levées.
Dans un fort bruit de bielles et de ferrailles
Le grand monstre s’avançait sur les rails,
Dans son élan abandonnait la gare
Où tous les jours des couples se séparent.
Joël